INSERM : expertise collective 2021 - les effets des pesticides sur la santé

Cette « expertise collective » a été réalisée à la demande de 5 directions de l’État : la DGPR (Direction Générale de la Prévention des Risques), la DGS (Direction Générale de la Santé), la DGT (Direction Générale du Travail), la DGRI (Direction Générale de la Recherche et de l’Innovation) et le secrétariat général du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Ce rapport fait suite à une première expertise collective qui avait été réalisée en 2013 sur le même sujet et à la demande de la DGS. Le rapport de 2021 met à jours les observations pour lesquelles de nouvelles études ont été produites depuis 2013, et permet de compléter les conclusions de la première expertise, notamment en identifiant de nouvelles pathologies qui pourraient être provoquées par des pesticides.

Pour consulter l’expertise collective de 2021, cliquez sur le lien suivant :
https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/

Pour consulter l’expertise collective de 2013, cliquez sur le lien suivant :
https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-effets-sur-sante

Dans les 2 rapports, les groupes d’experts déterminent des présomptions de lien (caractérisées comme présomptions fortes, moyennes ou faibles) entre une exposition à un, ou des, pesticides spécifiques et la survenance de différentes maladies.
Pour l’expertise de 2021, le rapport est aussi introduit par une présentation de l’état des connaissances sur l’exposition aux pesticides de la population générale en France. Leur présence, ou celle de leurs métabolites (résidus de la dégradation des pesticides), peut être observée dans l’environnement, et également dans les aliments « tels que consommés » par la population, où les risques potentiels semblent bien maîtrisés. Néanmoins, les « effets cocktails » n’étant pas encore bien identifiés par la littérature scientifique, ils ne sont pas pris en compte dans ces constatations.
Le rapport fait aussi état de l’exposition des foyers, indiquant par exemple que les foyers situés dans un rayon de moins de 1,5km de lieux d’épandage sont plus susceptibles d’être contaminés. Cette observation résulte d’études avec géolocalisation, qui suggèrent des liens entre proximité des logements et survenance de la maladie de Parkinson ou de troubles du spectre autistique chez l’enfant. Il est aussi mis en évidence que des foyers sont contaminés par des insecticides qui sont utilisés par les ménages eux-mêmes.

Par rapport aux pathologies qui pourraient être provoquées par des pesticides, la nouvelle expertise de 2021, en fonction du type d’exposition (professionnelle ou domestique), établit un lien de présomption fort pour six pathologies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique. Elle établit également un lien de présomption moyen pour les maladies suivantes : la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (leucémies, système nerveux central, vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’asthme et les sifflements respiratoires, et les pathologies thyroïdiennes.

De plus, le rapport détermine un lien de présomption fort entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse, ou du jeune enfant, et le risque de survenance de certains cancers chez ce dernier, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central. Plus spécifiquement, concernant une famille de pesticides, les insecticides pyréthrinoïdes (qui peuvent être utilisés dans la sphère domestique), il établit un lien de présomption fort entre exposition de la mère et troubles de développement neuropsychologique et moteur observés chez l’enfant.

L’étude termine par un focus sur trois pesticides particulièrement utilisés, ou sujets à débat en France : le chlordécone (utilisé dans les plantations de bananes dans les Antilles françaises), le glyphosate, et les inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (ou plus simplement : les fongicides SDHi).

Pour le chlordécone, bien qu’interdit depuis 1993, il persiste de nos jours dans les milieux naturels insulaires des Antilles. La consommation d’aliments contaminés a entrainé une contamination de l’ensemble de la population, et un lien de présomption fort entre exposition au chlordécone et survenue de cancers de la prostate est confirmé.

Concernant le glyphosate, un lien de présomption moyen a été déterminé entre exposition et survenue de lymphomes non hodgkiniens pour les professionnels, ainsi qu’un lien de présomption faible déterminé pour le myélome multiple et les leucémies. D’autres risques sont aussi évoqués mais ne sont pas suffisamment étudiés pour pouvoir déterminer de lien. De plus, le groupe d’experts responsables du rapport évoque d’autres mécanismes comme les effets intergénérationnels et la perturbation du microbiote qu’ils recommandent d’être pris en compte dans les procédures d’évaluation.

Pour les fongicides SDHi, il n’existe aujourd’hui que très peu de données même si certaines études montrent que certain SDHi pourraient être considérés comme perturbateurs endocriniens chez les animaux (poissons). Il est donc nécessaire de réaliser d’autres études pour pouvoir évaluer leurs impacts plus précisément.

En conclusion : La confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doivent orienter les actions publiques pour mieux protéger les populations. Elle insiste aussi sur les effets indirects des pesticides, notamment leurs impacts sur les écosystèmes, qui peuvent avoir des retombés sur la santé humaine comme mis en évidence par le concept « une seule santé » préconisé par l’OMS et le Plan National Santé Environnement 4 publié cette année.

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